Au coin du feu

Allumons un feu, et discutons, racontons, partageons et évoquons…nos origines !

J’ai passé une soirée sans électricité hier soir, et c’est drôle de voir que l’après-midi j’avais écouté l’émission dont je vais maintenant parler.

Malheureusement, je n’ai pas encore de cheminée chez moi !

J’aimerais vous faire partager mes inspirations positives du jour, à savoir mon besoin de me reconnecter aux temps passés des hommes préhistoriques, qui dans la lumière crépitante des flammes, passaient leurs soirées à discuter , et raconter, à imaginer, à partager ! Me replonger dans la vie de mes ancêtres me fascine, me donne une connexion subtile à ma vie et mon existence .

Je vais dans cet article évoquer une podcast que j’ai entendue et qui m’a vraiment inspiré, et dynamisé.

Cette émission de radio s’appelle « Sur les épaules de Darwin ». Comté par Jean Claude Ameisen

Émission du 6 janvier 2018 intitulée La glace et le feu Lien ici

Une introduction qui donne le ton :

: « Sur les épaules de Darwin, sur les épaules des géants. Se tenir sur les épaules des géants et voir plus loin, voir dans l’invisible à travers l’espace et à travers le temps. Voir au delà des apparences, pouvoir s’évader du présent et voyager à travers le temps, pouvoir remonter vers le passé à contre courant, de génération en génération, d’origine en origine vers nos origines premières à travers le long écoulement des âges, à travers la longue aventure qui nous a donné naissance, au jours anciens où nos lointains ancêtres ont commencé à apprivoiser la nature ».

Le feu de nos ancêtres

Il y est donc question de nos ancêtres, à l’époque préhistorique, mais surtout de l’importance de la domestication du feu et de l’origine de l’eau, source de vie.

Mais ici, ce qui nous intéresse, c’est quelque chose qui pour moi devrait être réinstauré, la veillée au coin du feu !!

On apprend au début du podcast que l’animal domestiqué le plus ancien retrouvé est un chien descendant du loup gris (Canis Lupus) , qui vivait il y 33.000 ans, dans les monts Altaï en Sibérie. Période au cours de laquelle étaient dessinés des fresques d’animaux sur les parois des grottes (Chauvet) et où était construite la première flûte taillée dans un os.(Allemagne)

Nous apprenons ensuite que ce qui est décrit dans le livre de J.-H. Rosny Aîné. La guerre du feu. Folio, 2013. comme « La plus terrible et la plus douce des choses vivantes », a été domestiqué bien avant le chien….

« Le feu, cette bête qui n’est pas une bête. Comme aux bêtes il lui faut une proie. Il se nourrit de branches et d’herbes sèches, de graisses. Il s’accroit. Chaque feu nait d’autres feux. Et chaque feu peut mourir. Mais il se laisse découper sans fin. Chaque morceau peut vivre. Il décroit quand on le prive de nourriture. Il se fait petit comme une abeille, comme une mouche et cependant il pourra renaître le long d’un brin d’herbe et redevenir vaste comme un marécage.

Ce feu qu’il fallait récupérer au cours d’un incendie, entretenir ensuite avant de savoir le produire. Ce feu si important pour se chauffer, s’éclairer des ténèbres, se nourrir, se défendre et donc survivre.

Je m’imagine les premiers hommes, qui devaient supporter la nuit, le froid, le danger… j’y pense parfois quand je suis dans mon lit, au chaud, en train de boire une boisson chaude…cela me fait quelque chose…. Qui suis-je pour être là, ici et maintenant ? Questions existentielles. Mais revenons à la maîtrise des flammes si capitale dans notre évolution.

La maîtrise du feu est peut être une caractéristique fondamentalement humaine « que ne partage aucun être vivant qui nous entoure ». L’utilisation et la maîtrise du feu semble dater d’une culture très ancienne, la culture acheuléenne. Les plus anciens vestiges datent d’1 million 700 000 ans, en Afrique.

Les plus vieux vestiges découverts attestant d’une domestication du feu datent de 750.000 ans. Cette invention est donc antérieure à la naissance des humains , ou hommes modernes. C’est « une invention culturelle des hominines »

Ce feu servait aussi à préparer les armes, outre le fait de s’éclairer, se chauffer, et cuire la nourriture.

Mais il semble que des vestiges d’Afrique du Sud sont encore plus vieux et datent d’il y a un million d’années. Puis l’usage du feu semble s’être largement répandu il y 400. 000 ans en ayant de profonds effets sur le mode de vie l’évolution culturelle et physiologique de nos lointains ancêtres.

La cuisson des aliments les rendent plus faciles à digérer, et cela a modifié le volume du tube digestif et réduit la consommation d’énergie consacrée à la mastication et à la digestion, augmenté la quantité de calories ingérées. « La cuisson des aliments a probablement contribué à l’augmentation du volume du cerveau, qui a pu alors consommer une plus grande quantité d’énergie fournie par l’alimentation à la chaleur, à la défense contre les prédateurs, à un environnement plus protecteurs pour les petits enfants. S’est ajouté un allongement artificiel des périodes de veille, un allongement artificiel de la durée des journées libérant du temps pour des activités des contacts, des interactions sociales qui n’interféraient pas avec les activités qui avaient lieu pendant le jour.

Au coin du feu

« Mais il y eut aussi peut-être en ces temps très anciens un autre effet du feu dont nous ne pouvons trouver aucune trace. A la lueur tremblante des flammes une fois la nuit tombée, le feu les a peut-être aidés à déployer leur imagination, à chanter, à danser, à prier, à mimer ou à dire mais dans quelle langue les légendes, les récits et les contes qui leur permettaient de déchiffrer le monde autour d’eux et les mondes d’avant et les mystères des vivants et des morts qui leur permettaient de faire apparaître dans la nuit ce que la lumière du jour ne permettait pas de voir ». C’est ce que suggère l’anthropologue Polly Wiessner dans Embers of society: Firelight talk among the Ju/’hoansi Bushmen. Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA 2014.

Il est fort probable que ce qui se passe pendant les interactions sociales dans un groupe autour d’un feu le soir soit différent de ce qui se passe pendant le jour pense Polly Wiessner.

« Durant la nuit près du feu, le temps n’est pas compté, l’imagination s’éveille favorisant l’émerveillement, s’ouvrant au monde surnaturel. Un sentiment de vulnérabilité peut apparaître ; vulnérabilité aux esprits malveillants, aux ennemis réels ou imaginaires qu’atténue la sécurité du nombre de personnes ensemble autour du feu. Le langage du corps, le langage des gestes est moins visible à la lueur du feu et l’attention à soi et aux autres diminue. Les expressions du visage qui tremblent avec les flammes sont adoucies ou au contraire quand il s’agit de peurs ou d’angoisse accentuées. Les petits enfants s’endorment dans les bras des adultes, libèrent les mamans de leur attention et de leurs soins. Alors des anciens et des jeunes, des hommes et des femmes séparés par leurs activités durant la journée se retrouvent ensemble »

Une large étude qui s’intitule Les braises de la société, conversation à la lueur du feu chez les bushmen Ju/’hoansi parue récemment dans les compte-rendus de l’Académie de Sciences des Etats-Unis montre l’importance capitale des recherches de Polly Wiessner qui selon Sciences est une  anthropologue qui tisse des liens entre différents mondes.

Elle a analysé en 1974, puis 40 ans plus tard, les sujets de conversations de peuples chasseurs cueilleurs d’Afrique du Sud et de Papouasie à la lueur des flammes et en journée.

Et devinez quoi ? A la lueur du feu, les sujets de conversations changeaient complètement. Raconter des histoires prenait 20% du temps. Elles sont dites dans une langue rythmée, complexe et symbolique avec une participation du groupe (reprise de fins de phrases ou héhé approbateurs), une forte attention et des émotions fortes (pleurs, rires aux éclats) « A mesure que leur état affectif se modifiait, ils entraient en résonance émotionnelle ».

Les histoires étaient surtout racontées par des anciens passés maîtres dans l’art de raconter (deux des meilleurs conteurs dit Polly Wiessner étaient aveugles).

Les histoires parlaient beaucoup de ceux qui n’étaient pas présents, les disparus, les ancêtres et les personnes appartenant à des communautés lointaines. Elles parlaient des récits de longs voyages des communautés, des exploits passés, des chasseurs.

Ce thème de résonance émotionnelle me plait énormément si bien que j’ai hésité à appeler mon blog ainsi !

Je suis convaincu qu’en parlant de façon authentique, en racontant notre histoire avec acceptation et fierté, l’attention qui nous est portée est supérieure. Les gens sympathiques sont des gens qui racontent des événements, ou leur vie de façon vivante, sous forme d’histoire.


Je souhaite au travers de mon blog apprendre à être davantage attentif  aux éléments positifs de mon existence, malgré tous ses aléas.

Et tout comme le pessimisme se transmet par résonance émotionnelle, je fuis ces vibrations négatives  et choisis de me diriger vers une résonance émotionnelle positive. Je cherche l’harmonie ! Oui, il y a plein de choses qui vont bien autour de nous, et en nous ! Je parlerai bientôt d’un livre qui appuiera mon propos : Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez, de Jacques Lecomte… c’est amusant, nous parlons d’histoires, de contes… justement !!!

Relier les esprits – une spiritualité partagée

« La nuit était aussi le temps des célébrations et des cérémonies qui reliaient les humains au monde des esprits.

Certaines nuits toutes les femmes se sont mises à chanter et à danser, d’autres nuits des danses de transe, certaines réunissant des personnes d’autres communautés voisines, chaque personne contribuant à ces transes pour guérir les malades, résoudre les conflits sociaux, ou restaurer une cohésion spirituelle . La nuit, à la lueur du feu, les pratiques culturelles s’élargissent à travers l’espace et le temps pour relier les personnes en les inscrivant dans des communautés plus vastes, des communautés imaginées, imaginaires, des communautés virtuelles par delà le temps présent, par delà les limites géographiques de la communauté et par delà le monde visible.»

Karen Biksen, auteur de Out Of Africa, la ferme africaine, écrit :

« Parfois je crois que mes pas m’ont conduite sur une route que je vais continuer à suivre et que lentement le centre de gravité de mon être va s’éloigner du monde du jour, du monde de l’organisation et du contrôle du pouvoir, pour basculer dans le monde de l’imagination avec l’arrivée du crépuscule, avec la lumière de la première étoile et de la première bougie. »

Nous aimons tous je pense la lueur d’une flamme, un feu de camp, un feu de cheminée, la lueur des bougies et nous aimons les histoires, les récits, les contes, les légendes. Nous aimons les entendre, les lire, les voir au théâtre ou au cinéma, nous aimons les raconter.

Les enfants commencent à inventer des histoires dès 3-4  ans d’ailleurs, et sont captivés et passionnés très vite par ces récits qui font appel à notre imagination.

Nous y découvrons d’autres façons de voir le monde, de voir les autres, et nous élargissons nos horizons. Les récits nous permettent de vivre d’autres vies que les nôtres. Et si nous tentons de nous projeter dans le très lointain passé de nos ancêtres, il est possible que l’usage répandu du feu depuis 400.000 ans ait eu un profond effet, la nuit, à la lueur des flammes, sur le développement de notre imagination et de notre culture. Mais aujourd’hui explique Polly Wiessner « la lumière artificielle et la communication informatique envahissent nos nuits partout dans le monde. Elles transforment les heures d’obscurité en heures de travail économiquement rentable. Elles effacent le temps passé à la conversation et à écouter ou à raconter des histoires, et des récits. Soudain, au moment où nous appuyons sur un interrupteur pour éteindre la lumière, le jour s’achève sans que nous ayons pris le temps de le revisiter, de l’explorer, de réfléchir et de tenter de réparer nos relations aux autres et sans avoir laissé les problèmes de la journée s’atténuer puis s’éteindre avec les braises d’un feu qui s’éteint dans la nuit.»

Les contes des origines

“Autrefois, il y a longtemps, nos anciens avaient un gouvernement. C’était une braise du feu prise à l’endroit du feu où nous avions vécu la dernière fois et que nous utilisions pour allumer le feu au nouvel endroit où nous nous rendions parfois”. Parole d’un ancien bushman Kong nommé Di Xao, en 1998.

Dans toutes les régions du monde, les récits sont aussi des récits des origines. Ils sont nos récits à tous. Ils nous parlent de ce qui nous précède et nous manque, ils nous parlent de nous, avant nous.

Dans de nombreuses régions du monde, les sciences sont devenues l’une des sources de ces récits. Elles nous permettent de découvrir que ce passé est immense, elles nous permettent d’explorer des temps où le vivant se déployait mais où nous n’étions pas encore, et des temps plus anciens où le Soleil puis la Terre émergeaient mais où il n’y avait pas encore de vie sur Terre. Et des temps où des étoiles brillaient déjà dans le ciel mais où il n’y avait encore ni Terre, ni Soleil.

Comme tous les récits des origines, les sciences font surgir des récits d’un temps dont personne n’a été le témoin. Elles nous permettent de réinventer ce dont nous ne connaissions même pas l’existence, d’avoir soudain le sentiment de retrouver ce que Quignard appelle “le perdu”. Nous qui ne savions pas qu’il s’était perdu, ni ce qui s’était perdu. Et nous inscrivons dans notre mémoire le souvenir de ce que nous n’avons jamais connu. Dans un “il était une fois” où il prend place enfin, pour la première fois en nous.

« Pouvoir se désincarner pour pouvoir se réincarner » dit Marguerite Yourcenar «  et montrer combien lentement et irréversiblement un esprit s’aperçoit de l’étrangeté des choses. »

Raconter des histoires pour savoir d’où l’on vient, et qui l’on est

Ces récits des origines ont commencé par des questions qu’enfant nous pouvions nous poser :

Où s’enfuie la mer quand elle se retire ? Pourquoi les étoiles brillent dans la nuit noire ? Pourquoi les bourgeons reviennent à chaque printemps, et les fleurs, et les feuilles ? D’où vient le vent, et la foudre qui déchire le ciel, et le tonnerre ? Et le feu qui change le bois en lumière puis en braises et en cendres et disparaît ?

Alors, est-ce cela que je ressens en regardant un feu qui consume le bois ?

Est-ce une connexion avec quelque chose de plus grand qui s’installe en moi ?

J’en ai besoin. Et je ne le fais pas assez.

Faut-il allumer un feu dans chaque bar ou restaurant ?

Avez-vous connu ces soirées autour d’un feu, en famille ou entre amis ?

Que ressentez-vous ?

Pensez-vous comme moi que nous ne parlons pas assez de choses profondes au sein de nos vies ? Qu’on ne se raconte plus assez d’histoires ?

Devrait-on …. imposer des veillées ? Open-mouthed smile

l'aube de l'humanité

Merci d’avoir suivi mes inspirations positives autour du feu !

J’attends vos commentaires et vos remarques au chaud !

En bonus, une musique qui me plongeait enfant dans cet état de réflexion en lisant un livre qui s’appelait L’aube de l’humanité, de Steve Parker.

Oxygène Partie 1 de Jean Michel Jarre.

Photo de début d’article : Photo de bjaglin

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