Comment réguler une sensibilité élevée et améliorer son quotidien d’adulte hyperémotif ?
Vous êtes-vous déjà dit : « je suis trop fragile pour vivre dans ce monde » ? Ou « je suis trop différent des autres » ? Ressentez-vous certaines choses plus intensément que la moyenne ? Au temps d’Aristote, on utilisait le terme « mélancoliques » pour désigner les personnes à la sensibilité exacerbée. Aujourd’hui, la chercheuse en psychologie, Elaine Aron, les appelle les hypersensibles. L’hypersensibilité émotionnelle concernerait un individu sur cinq avec une part égale d’hommes et de femmes*. Parmi eux, un tiers seraient extravertis et deux tiers plutôt introvertis. Avoir des sensations amplifiées et des émotions vives au quotidien peut très vite devenir un fardeau. Alors, comment gérer l’hypersensibilité émotionnelle ?
Comment faire pour ne plus souffrir de certaines situations inconfortables ? Comment arrêter de rencontrer toujours les mêmes obstacles et avancer ? Je vous propose humblement d’y répondre ici grâce à 8 recommandations.
1 — Diagnostiquer les caractéristiques d’un adulte hypersensible
Gouverné par ses émotions et ses sensations, on a vite fait de se sentir en décalage ou bizarre. Mais l’hypersensibilité ne se résume pas à quelques caractéristiques. Les neurosciences ont permis de considérer cette sensibilité hors du commun à travers 3 dimensions :
- la dimension sensorielle (la vision, l’audition, le toucher, ou l’odorat décuplés) ;
- la dimension affective (besoin d’harmonie) ;
- la dimension intellectuelle (pensée en arborescence).
Pour simplifier cet autodiagnostic, vous pouvez aussi tenter de voir si vous vous reconnaissez dans la majeure partie de ces situations :
- Tout prendre de plein fouet.
- Être très susceptible et réagir excessivement.
- Avoir une tendance à la dépendance affective et aimer être en binôme.
- Affecter par la souffrance des autres.
- Se réjouir sincèrement du bonheur d’autrui et surévaluer les personnes.
- Rechercher l’authenticité et fuir les faux semblants.
- Éviter les conflits à tout prix.
- Avoir du mal à trouver sa personnalité.
- Pétrifier par la timidité.
- Être fasciné par la beauté des choses.
- Avoir peur de décevoir.
- Chercher la tranquillité et le calme.
- Paniquer facilement.
- Fuir le regard des autres.
- Être très exigeant envers soi.
- Culpabiliser tout le temps.
- Tétaniser par la honte régulièrement.
- Être sur la défensive ou sur ses gardes.
- Se dévaloriser, avoir une faible estime de soi.
- Avoir des difficultés à prendre des décisions.
Si cette longue liste vous embrouille, voici une phrase qui illustre bien cet état complexe :
« ce qui érafle les autres, me déchire » Gustave Flaubert
Si vous êtes en quête d’un test d’hypersensibilité, c’est qu’instinctivement vous semblez conscient de jouir d’une grande réceptivité. C’est génial, car le meilleur moyen de vivre avec son hypersensibilité reste de l’identifier et de l’utiliser comme une force.
2 — Contrôler sa nature à fleur de peau avec sang-froid
En général, l’hypersensible sait lire le visage et les humeurs d’autrui. Si cette aptitude est utile pour sentir les besoins des autres, elle n’en demeure pas moins un danger potentiel. En effet, il peut rapidement tomber dans le piège de croire que son interlocuteur en est aussi capable.
De ce fait, la personnalité trop sensible risque de mal interpréter l’intention réelle de l’autre. Ainsi, une banale remarque teintée d’humour pourra être perçue comme une humiliation délibérée. Cela, associé au fait qu’elle ait de la difficulté à nuancer les choses, la conduit à adopter une surréaction.
Voilà pourquoi l’adulte hypersensible est souvent considéré comme susceptible. Pour éviter cela, il doit apprendre à discerner les intentions nuisibles volontaires des maladresses fortuites. De la même manière, il reste en proie à la surinterprétation des compliments. Sa perméabilité déstabilise son jugement.
« Presque tous les malheurs de la vie viennent des fausses idées que nous avons sur ce qui nous arrive. » Blaise Pascal
Si vous rencontrez fréquemment l’incompréhension de votre entourage par rapport à vos émotions débordantes, apprenez que la plupart des gens ne mesurent pas la portée de leurs mots. Ils ne sont pas aussi calculateurs que vous l’imaginez.
Je vous l’accorde, garder son sang-froid lorsque l’émotion nous submerge, relève de l’exploit pour une personne à fleur de peau. Toutefois, il est important de travailler son self contrôle en cultivant un point de vue neutre grâce auquel vous pourrez améliorer la justesse de votre jugement.
De cette manière, une personne ultraémotive apprivoisera progressivement son comportement extrême ou impulsif et son anxiété paranoïde. Elle évitera d’être considérée comme caractérielle ou instable, car ce qui la différencie d’une personne juste entière ou franche c’est l’irrégularité de ses humeurs.
Pour illustrer ce deuxième conseil, voici un extrait d’une conférence TED de Ilios Kotsou, docteur en psychologie, intitulé Désobéir à la tyrannies des émotions :
3 — Gérer son hypersensibilité émotionnelle avec objectivité
Oui, je sais, tout cela paraît évident. D’ailleurs, la source des obstacles d’un hypersensible se trouve justement dans sa difficulté à contrôler ses émotions. Il écoute davantage son cœur et son ressenti que sa raison. En résultat, il reçoit les réactions suivantes :
- « Mais arrête de stresser pour ça ! »
- « Mais tu es folle ! Pourquoi tu t’énerves pour ça ? »
- « Prends une décision enfin ! Arrête de répéter “je sais pas” ! »
- « Pourquoi tu pleures encore ? Qu’est-ce que j’ai encore dit ? »
- « Arrête de te plaindre, tu as toujours mal quelque part, tu es trop douillet »
- « Tu vas de nouveau piquer une crise si je te le raconte. »
Ça vous parle ? Le problème c’est qu’on est vite catalogué comme comédien, capricieux ou trop fragile lorsque nous montrons trop nos émotions. L’entourage pourrait ne plus nous prendre au sérieux à force de crier aux loups trop souvent. Ils se lasseront de nous consoler, de nous préserver ou d’exprimer spontanément leurs pensées en supposant : « Ha ! Celui-ci, il faut le prendre avec des pincettes. »
Ces réflexes extérieurs renforceront ainsi l’isolement d’un ultrasensible et par la même occasion son sentiment de culpabilité, d’être en marge et différent. Songez-y, comme le disait Talleyrand, tout ce qui est excessif devient insignifiant.
C’est pourquoi il est impératif pour une personne à la sensibilité exacerbée de revenir à plus d’objectivité. Comment ? En sollicitant l’avis éclairé d’un proche et en ne cédant pas à la précipitation.
Il faut apprendre à identifier ce qui déclenche la perte de contrôle, mieux se connaître pour mieux prévenir. Si vous souhaitez gérer vos émotions, commencez par prendre le temps de la réflexion avant de répondre oui ou non, la patience doit devenir votre allié.
4 — Mesurer son hyperempathie
Parmi les personnes à la sensibilité très développée, il existe les hypersensibles empathiques. Super altruistes, au sens aigu de la morale et de la justice, ils rêvent d’idéal et d’un monde utopique. Ils s’éreintent à porter la souffrance des autres, parfois même en la devançant par la satisfaction de tous leurs besoins.
Leur implication démesurée les conduit inexorablement à la fatigue émotionnelle. Pourquoi s’infliger une telle abnégation ? Par peur de l’abandon, du rejet, ils ont la sensation de ne jamais en faire assez, d’être illégitimes. Ces véritables éponges émotionnelles seront capables de s’effacer par crainte de déranger.
Certains sont repérables très jeunes, ils peuvent développer le syndrome de l’enfant transparent, celui qu’on oublie au fond de la classe tant il est discret. Malheureusement, ce type d’élève peut devenir la proie du harcèlement scolaire.
« Les grands cœurs sont comme les ruches trop grandes que le miel ne peut remplir et qui deviennent le nid de vipères. » Adam Mickiewicz
Par ailleurs, l’adulte avec une trop grande empathie demeure généralement très perfectionniste. Il cultive la peur du creux, de la banalité. Il doute de ses capacités, malgré une excellente conscience professionnelle. Il a du mal à s’autoévaluer et à s’adapter aux systèmes classiques d’évolution dans le monde du travail.
Il peut être victime du syndrome de l’imposteur et s’autosaboter par peur de la déception ou du regard des autres.
Pour éviter de stagner dans une situation insatisfaisante ou de se faire vampiriser par autrui, l’hyperempathique doit se préserver et bien choisir ses relations. Son écoute et sa compassion s’avèrent si intenses qu’il dépense plus d’énergie que la plupart des gens pendant les échanges. Ainsi, il devra davantage s’octroyer des moments de détente pour se ressourcer et préférer côtoyer des profils inspirants.
5 — Préserver sa vulnérabilité émotionnelle des personnes toxiques
Ce cinquième conseil découle naturellement du précédent, car, vous vous en doutez, les hypersensibles sont une cible idéale pour les personnes toxiques. En effet, ces dernières repèrent facilement leurs faiblesses, leur tendance à s’épuiser pour plaire et en font des otages parfaits à manipuler. Alors, comment identifier ces profils néfastes pour les grands sensibles ? Voici les portraits-robots des gens à éviter :
- Le narcissique manipulateur qui fait passer ses besoins avant tout.
- L’éternelle victime qui n’assume aucune responsabilité et cherche un sauveteur.
- Le théâtral qui affaiblit ses spectateurs avec ses histoires mélodramatiques.
- Le tyran qui impose son point de vue agressivement et intimide son interlocuteur.
- Le bavard incontrôlable, qui ne laisse place à aucun échange.
- L’ambigüe hostile, qui reste toujours évasif et déstabilise avec ses insinuations.
- L’autoritaire maniaque, qui souhaite tout gérer même quand on ne lui demande rien.
Bien sûr, ces profils sont des caricatures, personne ne se résume totalement à un seul trait de personnalité. Néanmoins, il y a des comportements que l’on peut anticiper chez certains individus en fonction de leurs valeurs.
De la même façon, si certains profils toxiques sont à fuir, d’autres demeurent de véritables référents. Les hypersensibles émotionnels sauront analyser les interlocuteurs charismatiques et bienveillants pour s’en inspirer et s’en nourrir. De ce fait, s’entourer intelligemment peut réellement contribuer à leur apprendre à surmonter leurs obstacles. Car, il est parfois nécessaire d’avoir un bon exemple à suivre pour nous aider à avancer.
6 — Soigner l’hypersensibilité par la consultation
Parfois, le travail sur soi demeure complexe sans un guide ou sans rituels complémentaires. On dit souvent que l’hypersensibilité rime avec dépression, alors pour ne pas tomber dans un burn-out émotionnel, mieux vaut solliciter de l’aide.
Laissez-moi deviner, vous êtes sceptiques ? De nombreuses personnes pensent à tort que la consultation d’un psychothérapeute est réservée aux désaxés, fous, ou autres schizophrènes. Or, consulter un spécialiste en prévention d’un mal-être grandissant demeure parfaitement sain. Une seule séance peut s’avérer utile.
Ça ne vous convient pas ? Alors, essayez la médecine douce. Si la sophrologie, la réflexologie ou l’acuponcture peuvent aider une femme à affronter les douleurs d’un accouchement, vous pensez bien que ces techniques sont capables d’apaiser les angoisses et les sensations invalidantes. Le simple fait d’appliquer des exercices de respiration et de pleine conscience au quotidien peut s’avérer très efficace.
Entre ces deux solutions, il y a également le coaching. Cette méthode offre un peu plus de proximité, car elle ne dépend pas de protocoles rigides.
Vous vous demandez parfois comment des célébrités hypersensibles telles que Steve Jobs, Emma Watson ou encore Marion Cotillard, font-elles pour briller en société ? C’est simple, elles sont entourées de coachs et de spécialistes.
Même si l’on pense posséder les ressources nécessaires pour éviter de finir dépressif anxieux, accepter l’aide extérieure peut faire gagner un temps considérable. Le plus important c’est de trouver un interlocuteur de confiance et adapté à nos valeurs.
7— Retrouver une clarté d’esprit grâce au sport et à la créativité
Être constamment envahis par des sensations amplifiées peut mener à l’épuisement nerveux. D’autant plus, lorsque la souffrance mentale se traduit physiquement. Afin de retrouver la lucidité et le bien-être, les hyperspirituels devront se reconnecter et s’ancrer à leur corps à travers des exercices physiques.
À moins d’avoir développé un niveau de sécurité affective suffisant, les hypersensibles préfèreront en général les sports individuels. Ils esquiveront la compétition en équipe de peur de trop s’exposer ou d’affronter une rivalité agressive. Ainsi, ils apprécient la course à pied, la natation, l’escalade, la danse, en somme les sports aux défis personnels.
Les exercices doux et porteurs de sérénité comme la marche consciente ou le yoga permettent d’éduquer cette perception aigüe. Les efforts cardiovasculaires quant à eux évacuent les tensions et allègent la pensée. En effet, lorsque l’on atteint le stade de pilote automatique, l’esprit s’évade de ce corps et ressent davantage la nature environnante. Le mental se régénère, il retrouve une certaine neutralité.
Vous avez remarqué que le milieu artistique regorge de talents à l’hypersensibilité émotionnelle. Ce n’est pas étonnant, c’est un atout indéniable pour les fonctions créatives. C’est pourquoi pratiquer une activité artistique telle que le dessin, la musique, la danse ou le chant aide les ultrasensibles à être plus confiants. Ils se sentent enfin adaptés, libres et à l’aise. Cultiver un art ou recourir au sport, aide à moduler cette vigueur des ressentis pour l’aiguiser et en faire un outil, un don, un avantage au quotidien.
8— Maîtriser son intense réceptivité comme un Jedi
Le manque de sécurité affective peut faire basculer l’innocence ou une bonne âme en quête d’idéal vers le côté obscur. Vous voyez où je veux en venir avec ce titre ? Vous avez deviné, je fais allusion à la saga Star Wars. La culture populaire est remplie d’exemples parlant aux ultraréceptifs.
Naturellement, les intrigues où la justice triomphe et où le héros solitaire se surpasse en traversant une quantité d’obstacles inspirent n’importe qui.
Néanmoins, certains chemins de croix feront davantage échos aux sensibilités exacerbées. C’est le cas par exemple avec le parallèle entre Anakin Skywalker et son fils Luke (je pense qu’il y a prescription sur le spoil à ce stade).
Quand le premier finit par être manipulé par ses angoisses, ses peurs et une mauvaise influence (le côté obscur), le second apprend à les maîtriser et se renforce à chaque barrière franchie. Pourtant tous deux jouissent d’un don de perception hors du commun (la Force), et ils sont guidés à l’origine par un sens aigu de la morale.
Ceci nous montre que si nous voulons devenir un Lightworker, il faut accepter cette aptitude comme un don de la nature et l’utiliser à bon escient. Le psychanalyste et auteur d’Hypersensible trop sensible pour être heureux ? Saverio Tomasella rappelle tout de même de conserver son humilité et de maîtriser son égo.
Pour obtenir une vision claire de vos talents, je vous invite à les reconnaître grâce au Petit guide de vos Forces Positives téléchargeable gratuitement à la fin de l’article. Sur le chemin de la sagesse, tout est question d’équilibre.
En définitive, il ne faut pas voir l’hypersensibilité émotionnelle comme un fardeau, mais comme un super pouvoir qu’il faut apprivoiser. L’intelligence émotionnelle permet de raisonner de manière plus large, d’éviter l’étroitesse d’esprit. Même si ce n’est pas toujours le cas, bon nombre d’hypersensibles sont d’ailleurs des HPE (Haut Potentiel Émotionnel).
Le philosophe Fabrice Midal souligne également que des chercheurs américains ont démontré que la « petite nature » se révélait aussi importante à la sélection naturelle que le dominant. Car, la haute sensibilité fait de ces lightworkers d’inestimables sentinelles, de grands découvreurs de remèdes et des inventeurs créatifs précieux pour la survie de l’espèce. Alors, arrêtez de rougir et osez faire briller vos forces positives.
Jessica Martinelli – Rédactrice Web SEO
*Statistiques publiées par l’Association des Hyper-Sensibles
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un bel article pour les zèbres, merci 🙂
Vivent les rayures ! Merci pour ton commentaire.
Merci pour cet article qui résume assez bien les différents points ! 🙂
Merci pour ton commentaire synthétique Valériane. 🙂
Bonjour, Je suis une hyper sensible et hyper empathique. J’ai passé des années en thérapie et je suis psychologue. Je n’ai jamais passé aucun tests mais je sais que l’on est un vrai extra terrestre. Le bruit nous dérange, on est vite stressé, on a besoin d’être dans un cocon en sécurité. On a l’impression de s’être incarné à l’époque des dinosaures avec des gens qui se tapent dessus pour communiquer. On passe sa vie à expliquer aux gens pk celui ci à agit comme ça… interprète en émotion…ou bien expliquer pk il faut faire comme ça pour éviter de faire de la peine. Et quand les gens vous parlent comme ils se parlent entre eux, vous avez l’impression de vous être pris un bus dans la gueule tellement c’était violent. Et eux ne voient pas le problème. On est écorché vif entouré de gens qui ont la peau dure comme la pierre. On est des ET. Tout se règle par la violence. Les gens sont belliqueux sans le savoir. Ce n’est facile pour personne d’être sur terre mais être hyper sensible c’est tout en décuplé. Et personne ne vous comprend…Par exemple des gens me parlent alors qu’il y a un bruit atroce, musique ou télé… je demande de baisser le son car sinon je pourrais me jeter par la fenêtre lol… c’est insuportable ça tape sur les nerfs… et les gens ne se rendent pas compte de cette pollution sonore permanente à laquelle je ne peux pas me faire… Y a plusieurs humanités qui vivent sur le même lieu en même temps…. merci pour cet article!!!
Oui, c’est cela : il y a plusieurs humanités sur un même lieu. Et je crois que c’est ce lieu sur lequel il faut se concentrer, et duquel il faut se nourrir. Notre terre. La nature, le mouvement dans cette nature. Remettre la lenteur et le calme au centre de notre univers et s’entourer des gens qui partagent ce besoin. Merci beaucoup pour ton commentaire témoignage.